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« Le ciel dans l’oeuf » revendique un langage constitué de réminiscences archaïques qui mêlent, d’une part, un poème de mon enfance relatant les sentiments ambivalents d’un poussin, entre son désir de ciel et sa nostalgie de l’oeuf, et, d’autre part, le rêve d’une grotte-abri sous le ciel pluvieux où tournoyait encore un oiseau libre. Pour « porter » ce langage et « enfanter » ma maison, il m’a d’abord été indispensable de me replonger dans l’histoire des formes de l’habitation.
Prolongeant cette réflexion par ses aspects sociaux, les modèles de relations induits par l’organisation de l’habitat et de l’habitation m’ont offert une perspective très actuelle sur un paradoxe de la « périubanisation » qui est de répondre par le lotissement à un ensemble d’envies individuelles tout en demandant à l’urbaniste de poser, dans les zones pavillonnaires, les moyens du « lien social ». L’être humain a primitivement connu un « abri-tat » fonctionnellement très dépouillé avec une cohésion sociale forte du campement autour du feu et de la nourriture, la population étant suffisamment réduite pour que la cohérence ne soit pas déterminante pour le collectif. Avec l’habitat individuel désormais confortable et sécurisant, l’aspect social se réduit souvent à la cohérence nécessaire au fonctionnement collectif. Dès lors, la cohésion sociale n’est plus une préoccupation « vitale » pour la personne. L’individualité prime sur le collectif, au contraire des civilisations premières où le collectif donnait sa légitimité, voire son nom d’adulte, à la personne. J’ai souhaité « concilier » ces deux modèles : celui du campement, très « sentimental » et affectif, reposant sur la cohésion sociale reconnaissant l’individu et, enfin, celui du lotissement reposant sur la mise en cohérence extérieure des individualités, souvent en quête de reconnaissance sociale.
Mon désir fut donc d’offrir à ma famille un « espace d’espaces nouveaux » qui outrepasserait des contingences techniques ou économiques résolues par la norme angle droit et la tyrannie de la verticale, en renouvelant ou réintégrant l’usage de la courbe, de l’inclinaison et de l’asymétrie, en estompant autant que possible les ruptures de vie engendrées par la « sur-organisation » fonctionnelle et ouvrant ainsi les espaces intérieurs à leurs habitants autant que la maison aux lumières et aux perspectives extérieures les plus vastes possibles, sans laisser de simples fenêtres réduire la perception de ce monde. Notre maison est sa propre fenêtre, une maison-organe permettant toutes les respirations, conçue comme un catalyseur de nouvelles relations à l’espace, à l’humain. Jusque dans sa silhouette, elle est une forme évoquant l’intégration à son environnement : aucun angle, aucune flèche ne s’approprie le regard, ne découpe ni conquiert le paysage. Au contraire, se lovant autour de son puits, le « ciel dans l’oeuf » conjugue terre et eau en une élévation, dans une aspiration unique vers le ciel. Il est désormais possible de s’y octroyer une liberté d’agir et d’organiser l’espace, pour ses besoins personnels mais en fonction des autres. Possible d’y laisser sa place à l’autre, à tout autre. Notre « œuf » prend la dimension cohésive du campement premier dans lequel la personne apprend à s’insérer, dans laquelle le groupe, la famille y accueille un individu. Mon ciel est à la fois dans l’œuf, témoin de la légitimité qui m’est donnée et de ma capacité à légitimer, et hors de l’œuf, vecteur de ma légitimité, de mes aptitudes, dans le monde auquel j’ai toujours appartenu. Il n’y a plus de frontière de comportement social entre l’intime et le public, seulement un seuil que je franchis indemne. Que j’entre ou sorte du « Ciel dans l’oeuf », notre « maison conviviale», il me permet de porter dans et vers la société la reconnaissance dont je suis intimement investi.
Dans ses formes, notre maison présente une dualité constituée d’un œuf dont la coquille s’ouvre sur le ciel. La corrélation -et non la seule juxtaposition- de ces deux motifs, l’œuf primitif et terrestre, le ciel aérien et cosmique, constitue la base de notre récit.
La dualité corrélée entre primitif et céleste, terrestre et aérien, est la condition d’une « réconciliation » entre l’ancrage de l’humain à son terroir et son envol au monde. À chaque instant, l’habitant gardant un contact visuel avec le dehors, l’espace intérieur perd son caractère fini, limité et individuel de territoire pour participer, ici et maintenant, à l’infini de l’extérieur. Cette nouvelle relation aux espaces est une projection ambivalente entre « terre-ciel » et « dedans-dehors » qui prend sa source dans une double éclosion.
S’agit-il de l’éclosion de l’être humain que la « coquille-abri » s’ouvre en interstices plus ou moins larges. Ce mouvement préserve de toute fêlure ou fracture dans l’éclosion à soi et à l’autre. Au-delà, tels qu’il a pu les percevoir dans l’espace intérieur, le ciel et le dehors éclosent au regard de l’habitant. La transition entre intérieur et extérieur est elle aussi dépouillée de sa valeur traumatique car le ciel monde, dans l’œuf, induit la continuité entre l’univers social intime et le monde.
Cette « maison conviviale » constitue une entité agissante qui permet à la « personne habitant » de s’envisager en tant que « personne vivant », d’y ré-envisager toutes les tensions entre besoins et aspirations, nécessités et envies.
Courber les axes, terre-ciel et intérieur-extérieur, n’est pas le vœu résolu et entêté d’une habitation nouvelle. Il ne s’agit que du désir convaincu d’un « nouvel habiter » où les personnes iraient et viendraient joyeusement sur le fil, ténu mais tenace, reliant « soi » et « l’autre ».
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